Qu’on ne laisse pas germer cette graine !!!!!

C’est dans une société malade et immergente que j’ai pu émerger. C’est dans une société à la recherche du pain quotidien comme l’illustre le discours de son premier ministre que j’ai pu me nommer Général. C’est dans ce même pays dont la jeunesse mal éduquée est à la recherche de repères et de refuges que j’ai pu concocter ce qui pourrait s’appeler une armée. C’est dans ce pays où le culte de la perspective et de la prévention n’existe pas que j’ai pu petit à petit tromper l’opinion sur mes objectifs de base, c’est dans cette nation en débandade que j’ai pu me faire passer pour un marabout qui n’a que faire de la mondanité, c’est dans cette tourmente populaire que je me suis plu d’abord à menacer de destitution le Président Diouf pour peu après demander à mes talibés de circonstance de voter pour lui. Ensuite dans ce même pays réputé de la Téranga, je suis devenu chef d’orchestre utilisant des instruments à corde que bannit ma religion pour dorloter le Président de la République. Et j’appelle cela mélodie divine. Petit à petit, je me suis ouvert la porte de la célébrité en bénéficiant de l’inconscience de la jeunesse, de son insouciance, de son échec dans tous les domaines, du fait de sa perversion, mais surtout j’ai bénéficié de l’appartenance avéré et affiché du Président de la République pour prétendre à la vérité et au développement. Mais ce qui m’étonne aujourd’hui c’est comment j’ai pu passer inaperçu. Pourquoi ne m’a-t-on pas remis à la place que je méritais, pourquoi on me laisse prétendre à un futur intégrisme ? C’est que dans ce pays on ne parle que de faits politiques. Tantôt c’est tel ministre qui commet une bévue, tantôt c’est le Président de la République qui nous coupe le souffle, tantôt c’est le CPC qui mobilise toute notre attention, et pour s’échapper de ce traquenard politique il ne nous reste que la télé pour nous enivrer de conneries. Qu’on ne m’excuse pas du terme, c’est cela notre quotidien. Nous devons rester chez nous, vaquer à nos affaires, consommer, regarder la télé bidon, faire la cuisine, mais surtout ne pas déranger. Tout paraît donc normal, c’est cela notre démocratie : le pays doit être dirigé par des citoyens responsables, les autres n’ont qu’à se tenir tranquilles. Nous sommes devenus passifs, obéissants, ignorants et programmés, tout ce que nous pensons est contrôlé, nos sentiments humains normaux ont été écrasés, nous avons été détournés vers des buts inoffensifs, convertis en consommateur atomisés, transformés en instrument docile de production, enrégimentés comme des soldats, isolés les uns des autres… Et pire nous n’avons le moindre soupçon du danger qui nous guette. Et pourtant on le sent venir, en atteste « Nous avons choisi la République » de Monsieur Diop Abdou Aziz, mais personne n’ose le décrier sous peine de s’écrouler sous le poids des marteaux. On préfère alors le mâchouiller, grogner, s’occuper de nos intérêts personnels, la Nation c’est demain alors on s’en fou. Ce dont nous parlons c’est des associations et autres confréries religieuses qui sont devenues des forces de division et d’exclusion. C’est de cette mauvaise graine en attente d’eau pour surabonder et détruire le ciment de notre nation, c’est de ce parti politique sectaire et religieux qui prend naissance sous nos yeux, c’est de ce signal rouge qui sonne l’alarme : DANGER, Le Sénégal vient de semer la graine de la guerre civile. Nous espérons que le ministre de l’intérieur et le gouvernement tout entier daigneront retenir l’eau qu’attend cette graine pour germer pour peu qu’ils en aient le courage. Pierre Hamet BA